Florilège de ce que j’ai pu entendre dans la bouche d’un certain nombre de ces messieurs ces dernières années. Dégainé en rafale à l’occasion du 8 mars. Et si vous croyez que j’en rajoute, dites-vous bien [alerte spoiler !] qu’au contraire, j’ai dû élaguer.
CHEZ LE CAVISTE
– Le whisky, c’est pour offrir j’imagine ? (Non, pour moi. Faites-pas cette tête, ça va vous éviter la pochette cadeau.)
– Les femmes aiment beaucoup celui-ci. Il a un profil doux, élégant, subtil… Très féminin. (Si on m’avait donné 1€ à chaque fois qu’on m’a vanté un spiritueux “féminin” – aka doux, raffiné et délicat –, je serais en train de buller aux Bahamas en sifflant des daiquiris pour le restant de mes jours au lieu de descendre Memory Lane.)
– Vous cherchez un tourbé… Avec de la tourbe ? Ouh la, mais celui-là va vous assommer, c’est puissant, il titre à 57,8%. (“Brut de fût”, c’est un peu le principe…)
– C’est rare les femmes qui achètent du whisky. D’habitude, les dames préfèrent les rhums, les rhums plutôt doux, ronds et sucrés, vous voyez ce que je veux dire. (Les rhums féminins.)
EN SOIREE
– Vous faites quoi dans la vie ? Journaliste spécialisée dans les spiritueux ? C’est étonnant ! Pour une femme, je veux dire. (J’avais bien compris.)
– Journaliste dans le whisky ? Et vous vous y connaissez ? (Bah, pas plus que ça. J’aurais préféré me lancer dans l’élevage des doryphores par temps sec, mais il faut bien admettre qu’il y a très peu de débouchés.)
– Moi je travaille dans la fonction publique, ancien secrétaire d’Etat. Vous écrivez sur le whisky, m’a-t-on dit… Vous connaissez la différence entre les blends et les pures malts (sic), alors. [J’acquiesce.] Les blends, voyez-vous, c’est un mélange de whiskies de grain et de… (Pourvu qu’il me raconte ensuite comment on les fabrique… C’est bon, on y est !)
– Vous avez beau dire, les whiskies d’Islay – et les tourbés d’une manière générale –, ce n’est pas très raffiné, ça manque de complexité. Moi, je préfère les malts iodés. Lesquels ? Ardbeg, par exemple… (Mmmfff.)
AU BAR
– (Apportant les consommations.) Et un Cosmopolitan pour madame, et un Highland Park pour monsieur. (C’est le contraire, mais y a pas de mal, j’avoue qu’on s’y trompe facilement : la coupette, le truc rose…)
– Ce n’est pas très « girly », l’Old Fashioned, comme drink. (Tu peux développer ?)
– Alors qu’est-ce qu’on vous sert ? Une Imperial IPA ? Vous connaissez ? Elle est un peu extrême, celle-là, vous ne voulez pas que je vous la fasse goûter avant ? (Entre deux verticales de whisky, je crois que ça va passer, vieux.)
– Prenez plutôt la bière à la framboise, elle est excellente. Et moins calorique. (Imbécile, ça prend un seul l ?)
– Ah, vous auriez préféré une pinte ? C’est que d’habitude, les filles commandent toujours un demi… (C’est parce qu’on a de plus petites mains. Mais depuis qu’on a pigé qu’on pouvait attraper le verre avec les deux, ça va mieux.)
– La bière, ce n’est pas très féminin… (Tu dirais « le » bière ?)
EN DEGUSTATION
– Oh la la ! Vous ajoutez de l’eau dans un brut de fût de la SMWS ! Mon dieu mais c’est un crime ! (J’ai une idée : laissez-moi massacrer comme je l’entends mon whisky, et s’il me prend soudain l’envie de bipper la Brigade anti-dilution, je vous fais signe.)
– Ce que je préfère dans les whiskies japonais, c’est leur profil fumé. Bien sûr que si, ils sont tous légèrement fumés. (Je suis peut-être tombée sur des bouteilles périmées, alors.)
– Une femme qui boit du whisky, ça m’impressionne toujours. (Les hommes qui ne racontent pas n’importe quoi me font le même effet.)
– Tu trouves pas ça mignon, le pink gin ? Ma meuf adore. (A vrai dire, je cherche encore l’intérêt de la chose.)
– C’est super sexy, une nana qui aime le whisky. (Et vous avez pensé à le faire imprimer en T-shirt ?)
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