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Oui, il y a moyen de (se) faire plaisir à noël en choisissant une bouteille de qualité sans pulvériser le livret A familial. La preuve.

 

L’idée de cette chronique germe l’année dernière, à peu près à la même période. Sur les réseaux sociaux, une jeune femme finit par m’être adressée en mode SOS conseil : elle souhaitait offrir « un très bon whisky » à son époux, sans savoir par quelle étiquette attraper la bouteille. Une occasion spéciale à marquer, en plus des fêtes, me dit-elle. Se pose la question du budget, et elle me répond gentiment : « Pour quelque chose d’un peu exceptionnel, avec un joli coffret, je suis prête à aller jusqu’à 30, voire 35€. » Si la notion d’exceptionnel peut sembler très relative, surtout tempérée d’un peu, la limite de 35€, elle, s’oppose frontalement, terriblement concrète et trébuchante. Mais on va s’y tenir.

On râle – moi la première – à juste titre face à la flambée des prix du single malt, en s’autofélicitant dès qu’on déniche la bombinette à moins de 50€ (plutôt 60 à 80, d’ailleurs, d’après la cote 2018-19), tarif plancher communément admis du bon goût. Mais tu en connais beaucoup, des industries qui doivent immobiliser leur stock pendant 10, 12 ans minimum pour faire plaisir à leurs clients ? Qu’un Lagavulin 16 ans se trouve encore en supermarché pour moins de 50€ reste un insondable mystère, avoue. Alors, oui, on peut encore se faire plaisir pour à peine plus de 3 billets, et permets-moi d’insister sur cette notion de plaisir – l’esprit de noël, tout ça. Sans sacrifier la qualité.

 

Des classiques, et surtout des comptes d’âge

Les grands classiques de moins de 12 ans, surtout si tu les déniches en grandes surfaces, s’offrent (façon de parler) à des prix d’appel imbattables. L’occasion de rappeler que si Glenfiddich 12 ans, Aberlour 10 ou 12 ans, Laphroaig 10 ans, Balvenie 12 ans tiennent la corde, c’est que… c’est bon ! Et même – oserais-je ajouter – meilleur que leurs frangins dépourvus de comptes d’âge, bien qu’il soit tentant de profiter des promo de noël pour tester les éditions IPA ou multiple fûts. J’ajouterai Glen Grant 12 ans, voire le Major’s Reserve (moins de 15 €), au rapport prix/kiff imbattable. Ainsi que les Deveron 10 et 12 ans (le premier à moins de 20€), tout en finesse : un poil short en finale, mais les bouteilles bleues sont ravissantes sous le sapin. Sans oublier Aberfeldy 12 ans, le Highlander plaisir, rond et fruité. Pour l’amateur de grosse tourbe, Laphroaig 10 ans (je radote) déboîte allègrement le Select sans âge. Chez Talisker, choisis également le 10 ans, qui a fait son retour sur les étagères, à la rigueur Storm plutôt que Skye. Une tourbe plus délicate ? Bowmore Legend. Pas le plus complexe des jus, mais jeune, vif, maritime – vu la différence de prix, le 12 ans est une bonne affaire.

Ensuite, va loucher du côté de l’Amérique du Nord. Laisse les grandes marques de bourbon et de Tennessee Jack calibrées pour mixer, et tape chez Buffalo Trace, Woodford Reserve, le rye de Bulleit (un whiskey de seigle), celui du canadien Lot 40. Le Small Batch de Four Roses, c’est quand même épatant. Tente également une incursion en Irlande : Connemara, l’Irish tourbé, fait toujours son petit effet. Black Bush de Bushmills, on n’a encore rien inventé de mieux pour faire durer la soirée entre potes. Essaie le Jameson Caskmates (Stout edition), vieilli en fût de bière brune, en half and half, c’est à dire associé à un demi de porter baltic (une Guinness fera l’affaire), et tu m’en diras des nouvelles.

Tu vas bien sûr vouloir (t’)offrir un japonais, et comme je te comprends. Mais sur ce coup-là, chaton, il va falloir oublier les single malts, hors budget. Sèche tes larmes, car Nikka From The Barrel grimpe sans s’essouffler sur le podium des plus beaux blends jamais créés. Embouteillé à pleine fougue (51,4%) dans un cube en verre : tu ne galèreras même pas pour plier le papier cadeau autour. Toujours chez Nikka, laisse-moi porter à ton attention le All Malt, catégorie bien ficelé qui ne se pousse pas du col. Patience, les comptes d’âge vont bientôt revenir chez Suntory et Nikka, sans doute dès 2019 m’ont laissé entendre mes oreilles qui traînent.

 

Je ne te jette pas la pierre (mais en fait, si)

On reste sur les blends, avec deux winners : Johnnie Walker Black Label, un 12 ans onctueux et finement fumé – pour les fêtes, tu trouveras forcément une version coffret avec les verres. Le whisky fétiche de bon nombre de pro, et ce n’est pas un hasard. Et le Dewar’s 12 ans, petit bijou trop méconnu, aux notes de fruit gourmand posées sur la céréale grillée, l’un de mes blends fétiches. Tu peux également opter, sans pulvériser ton cochon tirelire, pour Monkey Shoulder au rayon blended malt – soit un assemblage de single malts de Glenfiddich, Kininvie et crypto-Balvenie (du Balvenie distillé à Ailsa Bay).

Et si tu faisais découvrir mille bouteilles, mille distilleries et autant de conseils, de reportage et d’enquêtes pendant un an pour la modique somme de 29€ ? Soit le prix d’un abonnement à Whisky Magazine, la seule revue en France à couvrir la planète maltée.

Enfin, tu ne te tromperas jamais en offrant à un amateur de whisky des verres ad hoc pour assouvir sa passion. Les snifters et copitas de dégustation se dénichent à moins de 15€ les six, un Glencairn gravé au nom d’une distillerie culte ne dépassera pas les 7,50€. Oublie les mal nommés « verres à whisky » larges et trapus, sauf si le destinataire apprécie la glace et les substances liquides sucrées et/ou gazéifiées sur son spiritueux. Et surtout, parmi la liste des cadeaux à ne jamais glisser sous le sapin d’un malt lover, fais-moi plaisir, renonce aux pierres à whisky. Elles ne feront que plonger leur destinataire dans des affres existentielles : poubelle jaune ou poubelle verte ?

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Par Christine Lambert

 

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