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Une brasserie-distillerie 100% locale, portée par les deux Islay Boys Donald MacKenzie et Mackay Smith, s’annonce sur la côte ouest de la reine des Hébrides. De la bière et du whisky, what else ? Du rhum aussi ! Envie d’embarquer dans l’aventure ? Ça tombe bien, le capital est ouvert à souscription jusqu’en janvier.

 

La rumeur bruissait sur l’île depuis quelque temps, dispersée par le vent à travers la lande et les tourbières. Mais les rumeurs de distilleries sur Islay, c’est un peu comme le monstre du Loch Ness : tout le monde connaît quelqu’un qui connaît quelqu’un qui, mais on les voit rarement au grand jour. Surtout par temps clair. Surtout à jeun.

Ce projet-là, réjouissons-nous, a désormais un nom et deux visages, dont l’un bien familier des Français. Donald MacKenzie, le plus frenchie des Ecossais, phénoménal ambassadeur du whisky chez le distributeur Dugas, inlassable pourfendeur du snobisme dans le malt (1), et son associé Mackay Smith portent sur leurs épaules la future brasserie-distillerie Laggan Bay qui, si tout se passe comme prévu, sortira de terre à Glenegedale, près de l’aéroport, sur la baie de Laggan. Allez, faites péter les bouchons, c’est le moment où jamais.

Et ne refermez pas trop vite la bouteille, car voici une seconde raison de célébrer : la petite distillerie en devenir vous invite à faire partie de l’aventure. Pas en lançant un banal crowdfunding qui vous donnera droit à une quille et un porte-clés, non, non, mieux : en prenant des parts dans la société. Mais ne mettons pas la carriole avant les Highland cows, et laissez-moi d’abord vous raconter ce projet inédit à plus d’un titre.

 

Un Islay côte Ouest

Smith et MacKenzie, réunis derrière la bannière Islay Boys, ont commencé par lancer leur activité d’embouteillage de whisky avec les marques Bårelegs et Flatnöse, avant de reprendre à l’été 2018 l’unique brasserie artisanale de l’île, Islay Ales, planquée à Bridgend. “Quand tu possèdes une brasserie dans ce coin, tout le monde s’attend à ce que tu colles des alambics au cul des cuves un jour ou l’autre, se marre Donald. Et pour être franc, on y comptait bien. Car c’est important de pouvoir sécuriser l’approvisionnement pour nos whiskies. En outre, la brasserie marche super bien, et qu’il faut déjà songer à agrandir.”

En déménageant à Laggan Bay, la micro-brasserie pourra prendre ses aises, et s’adjoindre les services d’une paire d’alambics pot stills destinée à la production d’un single malt tourbé. “Un tourbé style côte Ouest, précise Donald MacKenzie. Dans la filiation de Kilchoman et Port Charlotte, à 50-45 ppm. Plus fin, plus gras, plus doux et moins phénolique que les malts de l’Est comme Laphroaig ou Ardbeg.”

Pour assurer leurs arrières le temps que le single malt de Laggan Bay vieillisse, les Islay Boys peuvent compter sur leurs whiskies aux Jåmbes Nues et au Nëz Plat, sur la brasserie… et sur un joker : le rhum ! Car la distillerie va s’équiper également d’une petite colonne de distillation. “Tout le monde fait du gin, nous on va faire du rhum, du rhum de mélasse bien sûr. Rum is the new gin, plaisante celui qui depuis bientôt trente ans navigue entre son Ecosse natale et la France qui l’a adopté. Le premier rhum d’Islay, tu imagines ! On envisage de produire un spiced, du rhum blanc et du vieux. Comme pour le whisky, la maturation se fera exclusivement sur place.” Un projet modeste sur le papier (150.000 litres d’alcool pur par an, quand la plus petite distillerie d’Islay, Kilchoman, peut viser aujourd’hui 500.000 l), mais aux grandes ambitions.

 

Entrez au “500 Founders Club”

Le conseil régional d’Argyll and Bute a accordé une pré-autorisation au projet, reste à présent à faire approuver les plans, en début d’année 2020, pour donner les premiers coups de pioche en mai. Deux consultants de choc ont déjà embarqué dans le rafiot pour l’aventure : Scott Williams, patron de Williams Bros Brewing, à la tête de la Brewers Association of Scotland, qui met des billes dans la distillerie, et Jim McEwan, autre rejeton d’Islay bien connu de la planète Whisky pour avoir traîné ses guêtres de Bowmore à Bruichladdich, avant de conseiller Ardnahoe le temps d’une brève mission. Et vous ? Envie d’en être ? Mais non, je n’ai pas fumé l’alambic.

Car pour se lancer, les Islay Boys ouvrent leur capital à 500 particulier qui formeront le “500 Founders Club”. Ticket d’entrée : 10.000£ (note aux fauchés et aux Picsou : réunissez 10 ou 20 potes et offrez-vous un morceau de cuivre et une tranche de rêve). L’investissement se répartira entre l’acquisition pour 7.000 £ d’un fût de 200 l rempli de whisky ou de rhum (c’est vous qui voyez) de Laggan Bay et une participation de 3.000 £ dans la brasserie-distillerie – contact ici pour tout renseignement et clôture en janvier.

“On tournait autour du ballon depuis longtemps, cette fois ça y est, on tape enfin dedans”, se réjouit MacKenzie. Depuis le hat trick de Kilchoman en 2005, la perle des Hébrides, terre promise du whisky, aiguise les appétits. Avec 9 distilleries actives – Ardbeg, Ardnahoe (ouverte il y a un an), Bowmore, Bruichladdich, Bunnahabhain, Caol Ila, Kilchoman, Lagavulin, Laphroaig – et une miraculée en voie de résurrection avancée (Port Ellen), Islay sait charmer sans toujours se livrer. Port Charlotte (le vieux projet de Bruichladdich) n’a jamais vu le jour, Gartbreck (Jean Donnay) s’est enlisée, Farkin (Sukhinder Singh) attend son heure… Les Islay Boys se propulsent d’entrée en Champion’s League. “C’est un projet local, ouvert à la population. Je suis né à Port Charlotte, Mackay vient de Portnahaven. On sait que les attentes seront grandes, qu’on n’a pas le droit de décevoir. On le sait, on est d’ici.” Ici c’est Islay.

 

(1) Je vous vois bien vous demander si dans les verres Duralex c’est du thé chaud ou du whisky. Envoyez LIPTON ou BARELEGS au numéro fictif 0101 et gagnez une moufle pour main gauche tricotée en laine de mouton d’Islay.

 

Par Christine Lambert

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